Highlands Magazine
, 2000 12: AM
C'est à une heure fort tardive (ma montre affichait minuit passé) et au terme d'une soirée marathon et d'un repas sympathique entre gens de bonne compagnie que les musiciens d'AFTER CRYING se prêtèrent de bonne grâce au jeu de l'interview, et ce jusqu'à une heure fort avancée (il était bien 2 heures du mat'). En exclusivité et pour Highlands,
Highlands: Avec la parution de l'album STRUGGLE OF LIFE, il semble que vous ayez atteint un nouveau pic, concernant l'évolution de votre matériel musical. Les compositions des premiers albums sonnent de manière plus mure, et paraissent plus ambitieuses encore que les versions originales. Qu'en pensez-vous?
AFTER CRYING: Merci beaucoup pour cela. La première chose que je dirais, est que nous avons beaucoup joué sur scène. Nous devons poursuivre cette maturation. Si vous jouez pour la première fois… ce n 'est jamais la même chose que lorsque vous avez joué cent fois. Cela vous donne de l'air, et crée une sorte de distance, pour penser à ces morceaux, pour en dégager les bases, les lignes principales. Vous êtes plus loin des morceaux, et vous pouvez les jouer comme vous joueriez une sonate de BEETHOVEN. Quelques fois nous opérons quelques changement et procédons à quelque réorchestration pour l'adapter à la formation actuelle du groupe, et ceci est en fait une autre aide, car lorsque vous réarrangez quelque chose, vous avez toute l'expérience de ce que vous avez réalisé auparavant: vous le faîtes avec toutes ces expériences présentes à l'esprit.
Highlands: En 1999, nous avons pu découvrir le nouveau chanteur d'AFTER CRYING au festival de Vigevano. Comment l'avez-vous rencontré?
GABOR LEGRADI: C'était en 1998, j'ai reçu un appel téléphonique d'un ami qui répétait avec un groupe (je ne veux pas le citer ici, mais ceci n'est pas très important); puis ce groupe, et AFTER CRYING enregistraient dans le même studio; de cette manière le contact fut établi. AFTER CRYING étaient plutôt une réunion d'instrumentistes, qui assuraient aussi les parties vocales... Je contactais ensuite le groupe, en lui demandant: "Ne pensez-vous pas que vous avez besoin d'un chanteur?". "Oh, oui!". Voyons ce que vous pouvez faire... J'allais ensuite voir PETER, et nous avons essayé une ou deux choses, et je n'en suis pas reparti depuis!
GREGORY (MANAGER): l'autre groupe en studio se nommait PINK FLOYD! (éclats de rires).
Highlands: Depuis votre dernière venue en France (Corbigny, 1998), il semble que vous ayez changé de batteur (quoique je n'en soit pas sûr) Quel est le nom du nouveau batteur, et pourquoi ce changement?
AFTER CRYING: Non, nous n'avons pas changé de batteur! Mais l'ancien batteur se nommait FERENC SZABO, et je pense que sur le programme à Corbigny, c'était son nom qui (par erreur) était mentionné. Mais Corbigny était le premier concert à l'étranger de ZSOLT MADAI.
Highlands: En peu de temps, vous avez joué au BAJA PROG, au PROGLIVE, au VIGEVANO PROGFEST et participé à des festivals aux Etats-Unis, à BALTIMORE (en mars). Maintenant, vous êtes de retour en France à Royan, et jouerez à Sarlat en Juin. Pouvons nous dire que vous avez atteint un certain degré de popularité? Qu'en pensez-vous?
GREGORY: Le groupe est de plus en plus populaire, c'est vrai. Mais il serait en même temps meilleur pour le groupe que les choses aillent plus vite. Les chroniques, la promotion sur les radios et dans les magazines…Nous avons eu seulement de bonnes chroniques, dans tous les magazines, et cela nous a aidé, bien entendu. AFTER CRYING est vraiment un groupe de premier ordre. Egalement, AFTER CRYING est devenu l'un des groupes les plus importants en matière de concerts, tous les festivals réclament AFTER CRYING, mais les coûts demeurent toujours le problème pour tous les festivals. Les transports sont très chers depuis la Hongrie, si le groupe doit prendre l'avion.. La France, l'Italie, la Grande Bretagne, la Hollande, même les pays du Nord sont accessibles, car ils organisent des festivals progressifs. Mais, L'Allemagne demeure très difficile à atteindre car les centres d'intérêts du public sont plutôt heavy metal ou métal progressive.
Highlands: Votre musique, très ambitieuse, demeure complexe et difficile pour une part du public progressif. Ne pensez-vous pas qu'il s'agit d'un facteur d'empêchement pour atteindre une popularité plus vaste?
AFTER CRYING: (TAMAS GORGENI) Non, car je ressens que le public progressive est très ouvert, et accepte tout ce que nous lui donnons. Ils peuvent ressentir toutes les émotions, et tout ce que nous exprimons.
GREGORY: Cette réponse rejoint la discussion que nous avions à la fin du show: AFTER CRYING essaie de bouger, quitter la scène progressive, ce qu'il est convenu stricto sensu de nommer comme telle. Car la réponse est contenue dans votre question. AFTER CRYING ressent qu'il joue plutôt de la musique contemporaine, classique, et il s'agit d'un mélange de musique contemporaine, musique de chambre, et aussi de rock, bien sûr. Nous voudrions explorer ces domaines aussi. Nous ne voudrions pas seulement organiser des concerts seulement acoustiques ou classiques. Mais nous aimerions amener tous ces gens à nos concerts. C'est pourquoi nous demandons aux organisateurs de pas présenter AFTER CRYING comme un groupe progressif, et de contacter les autorités, les politiques afin d'organiser de grands rassemblements gratuits, car si AFTER CRYING joue devant de grandes assemblées, nous ne devons pas trop nous soucier combien d'argent rapportera la vente des billets. Car chacun pourrait réaliser qu'AFTER CRYING joue pour tout le monde. Voilà la réponse à votre question ! Ils correspondent vraiment au goût de tous les publics...
Highlands: Une musique universelle...
GREGORY: Absolument. C'est ce que je ressens. En quelque endroit que se soit produit AFTER CRYING, nous avons réalisé que toutes sortes de gens aimaient leur musique. Ainsi, pas seulement le public progressif! A Mexicali, il y avait le tenancier d'une pizzeria, qui est venu les voir pour la seconde fois. Il était très heureux fier d'arborer son billet d'entrée: "J'ai un billet pour AFTER CRYING". Aussi, je ne pense pas qu'il soit un des grands spécialistes de la musique progressive de Mexicali; il a simplement rencontré le groupe l'an dernier, a beaucoup aimé leur musique, et il a été heureux de revenir les voir jouer.
ZOLTAN LENGYEL: Auparavant, nous sommes allés à Caracas, nous avons donné deux concerts, l'un était classique, où nous avons joué un concerto de BACH, avec de la musique de chambre d'AFTER CRYING, pour une audience classique, ils ont aimé ces morceaux, et certains sont revenus le lendemain pour l'autre concert, et ils ont aimé la musique, également. Ce ne sont pas vraiment des snobs, mais des amateurs ordinaires de classique; si vous leur dites que AFTER CRYING est un groupe de rock progressif, il ne reviendront plus jamais! (rires).
GREGORY: Voici un autre exemple que me contait le chanteur de DEUS EX MACHINA, ALBERTO PIRAS: "nous étions un groupe de rock progressif, qui donnait 2 ou 3 concerts par an, en Italie devant 200 ou 300 personnes. Maintenant, nous sommes un groupe de rock'n'roll. Nous donnons 200 concerts par an, devant une audience de 2000 personnes. Et, bien entendu, nous jouons la même musique!"
PETER PEJTSIK: ce qui fait l'universalité de cette musique vient du fait qu'initialement, pour réaliser ensemble cette musique, nous avons commencer par nous demander: "à quoi pourrait-elle ressembler?" Avec les mots de SHAKESPEARE, comme une compréhension globale du Monde. C'était l'ambition, nous avons essayé de mettre cela en musique. Et cela fut phénoménal de constater qu'en jouant notre musique devant un premier public, puis un second, puis un troisième et que tout le monde aimait, nous étions arrivés à nos fins.
GREGORY: c'est un autre sujet, qu'AFTER CRYING a toujours voulu créer quelque chose de parfait. la grande différence entre AFTER CRYING et les autres est qu'ils composent totalement d'une manière différente; aussi il veulent vraiment assembler les bonnes parties, juste les unes après les autres; c'est ce qui manque aux autres. Ils ont cette créativité et c cette connaissance parfaite de la composition.
PETER PEJTSIK: Nous avons appris cela des bons compositeurs de musique classique (pas des mauvais!) (rires).
GREGORY: Vous savez ce que j'écris dans mes descriptions du groupe, quand je veux le vendre, en Hongrie, par exemple. J'écris toujours "Ils jouent de la musique contemporaine moderne accessible".
Highlands: Mais pas facile à écouter !
GREGORY: non, non, écoutable ! Des compositeurs modernes contemporains écrivent certaines pièces horribles.
PETER PEJTSIK: Nous savons que c'est une mauvaise voie...
TAMAS GORGENYI: Si vous écrivez de la musique que les gens de veulent pas entendre, vous devriez réaliser quelque chose d'autre que de la musique
GREGORY: mais certains compositeurs ne veulent pas que d'autres gens écoutent leur musique. Mais les autres compositeurs.
PETER PEJTSIK: Absolument. Mon oncle disait: ils composent les uns pour les autres. Et il disait même: ils composent les uns contre les autres. (rires sonores)
Highlands: Ce qui demeure étonnant pour quiconque a pu assister à l'un de vos shows, c'est l'impressionnante vitalité de votre spectacle. D'ou tirez-vous une telle énergie?
PETER PEJTSIK: L'énergie est condensée dans les compositions. Aussi quand nous la jouons ensemble, nous cherchons toujours cette vitalité, nous essayons de l'insuffler dans les notes, nous essayons d'insuffler un esprit dans la bataille. Et bien sûr, cette vitalité ne provient pas seulement de ce qui est humain. Il s'agit de quelque chose au dessus de la vie humaine. Nous voulons jouir de ce que nous réalisons. Comment voulez-vous que nous demandions aux gens d'être heureux, sinon.
GREGORY: Ils veulent vraiment s'exprimer d'une manière spéciale
PETER PEJTSIK: C'est à dire que nous voulons vraiment exprimer quelque chose. Pour nous, cela signifie re-conceptualiser, pas d'expression triste. Quand nous écoutons parfois certains groupes, nous disons: voici une musique expressive triste, et pas davantage. Vraiment, je n'avais jamais eu l'idée de m'exprimer moi-même. Je voulais exprimer quelque chose que je ressentais, que j'avais compris et que je voulais partager avec les autres. Nous sommes des outils. L'entière personnalité de chacun représente un outil, un émetteur/récepteur pour faire du bruit, pour émettre des sons, de ce que nous ressentons et avons à exprimer. Il ne s'agit pas de nous-mêmes. Il s'agit de ce dont nous nous servons pour exprimer quelque chose d'autre. Vous n'utilisez jamais votre propre expression, vous l'utilisez seulement avec une mauvaise signification, une signification négative...
Highlands: Nous sommes, bien entendu impatients d'entendre le prochain album studio. Avez-vous déjà composé de nouveaux morceaux?
PETER PEJTSIK: Ils sont en élaboration. Nous avons encore du matériel de 1993/1994. Quand nous donnions un spectacle complet, nous les avons seulement joués une fois. Ils n'ont pas recueillis un grand succès. Peut-être ont-ils été interprété au mauvais moment, au mauvais endroit! Depuis ce moment, nous avons utilisés une partie de ces compositions dans des disques, et nous avons toujours une partie non exploitées. Depuis le dernier album, je pense que 2 heures de matériel ont été rassemblées à la maison, ou dans des séquenceurs, ou sur des partitions, mais nous n'avons vraiment pas trop de temps. Nous n'avons pas assez de temps, nous avions du temps voici 2 ans, mais tout notre planning a été repensé, maintenant. Généralement, cela nous prend 10 mois pour réaliser ensemble un nouvel album studio. Nous donnons le matériel de base à TAMAS (GORGENI) pour commencer à écrire les premières bases des compositions, à mettre en forme, et cela n'a pas encore été fait. Nous ne savons même pas encore ce que nous mettrons dans l'album.
GREGORY: Ils travaillent tout le temps, vous savez. Durant les années, ils ont composé de plus en plus de matériel, sur l'ordinateur, sur les séquenceurs...
Highlands: Et après, ils choisissent...
GREGORY: Et aussi, nous avons convenu il y a un an et demi, que AFTER CRYING devait devenir un groupe de scène, jouer aussi souvent que possible, autant de fois, autant de dates, autant de pays, autant de salles que possible. Nous réalisons cela. Aussi, cela est une question de temps. Ils ont beaucoup de matériel, qui doit être conceptualisé par TAMAS…
PETER PEJTSIK Puis aller en studio. Généralement, un tiers du matériel demeure dans l'album, puis nous devons composer le suivant... Ce que je peux vous dire est qu'avant la fin de l'année 2001, il y aura un nouvel album studio.
PETER PEJTSIK: Je l'espère...
Highlands: Que pouvez-vous nous dire concernant sa direction musicale?
GREGORY: Pour l'instant, ce que je peux vous dire, c'est que nous contactons tous les meilleurs musiciens hongrois classiques d'orchestres symphoniques pour qu'ils collaborent avec AFTER CRYING pour que cela aboutisse à un album commun, mais pour l'instant les réponses sont négatives. Nous voulons que le prochain album soit un véritable album symphonique, avec un orchestre symphonique.
PETER PEJTSIK: La seule chose que nous savons, GREGORY c'est que ce sera un album d'AFTER CRYING ; il y aura un certain nombre d'éléments différents en lui ; l'une de ces choses pourrait être un orchestre symphonique, mais nous ne savons vraiment pas… Il remplira certains critères de nos ambitions, mais nous ne savons pas exactement. Aussi nous verrons les circonstances après.
GREGORY: je n'ai pas voulu dire que ce serait absolument du matériel symphonique. Mais ce à quoi nous pensions était d'obtenir un orchestre symphonique en tant que possibilité...
PETER PEJTSIK: ce que nous avons réalisé à Caracas était superbe, mais plutôt pour l'intégrer davantage à un show d'AFTER CRYING plutôt qu'en faire un album d'AFTER CRYING de type classique.
GREGORY: Non, non je n'ai pas voulu dire jouer de la musique classique, non.
Highlands: Ne songez-vous pas à réaliser une vidéo pour les fans qui ne vous ont pas encore vu en concert ? Et aussi pour les autres!
GREGORY: C'est difficile. Car cela coûte très cher. Nous avons quelques amis hongrois dans des chaînes de télévision hongroise, aussi il y aurait quelque possibilité.
PETER PEJTSIK: Mais ces amis seraient essentiellement utiles pour la découverte...
GREGORY: ...s'ils font quelques photos du groupe en concert, ou réaliser quelques conversations avec le groupe; ce ne serait pas adéquat pour une véritable vidéo..., un réel concert vidéo.
PETER PEJTSIK: Ce que vous devriez savoir, et que les gens devraient savoir, c'est que en dehors de vous, de gens comme vous, ou comme nous, nous sommes les seuls qui mettons nos forces et notre argent dans ceci. Il n'y a pas de gros capitaux. Il n'y a pas de gens qui veulent mettre leur argent dans cela, et espérer voir l'argent revenir en vendant des vidéos. C'est une industrie, maintenant. Je pense que la seule manière de réaliser de grandes tournées et des concerts importants, et réaliser une vidéo; faire bouger les gens dans cette direction, pas seulement nous-mêmes.
GREGORY: Vous savez combien de vidéos de mauvaise qualité sont apparues sur le marché... c'est terrible. Les vidéos progressives sont de très mauvaise qualité. Nous n'avons jamais voulu produire quelque chose de ce genre. Quand vous écoutez les CD d'AFTER CRYING, la qualité est toujours superbe. Nous ne voulons pas réaliser une mauvaise vidéo. Ils nous faut trouver des supporters, des mécènes.
Highlands: Quels sont vos rapports avec le reste de la scène musicale hongroise?
PETER PEJTSIK: Je ne vais pas souvent aux concerts, aussi je n'ai pas trop de contacts; mais j'ai des amis qui ont des contact avec d'autres musiciens, qui deviennent parfois des amis. Cela peut paraître étrange, mais je n'écoute pas trop de musique chez moi, parce que j'en joue, et si vous travaillez en tant qu'ingénieur du son, quand vous rentrez à la maison, vous n'avez pas envie de refaire la même chose! Mais quelquefois j'ai besoin d'écouter de la musique, pas seulement en tant que musicien. J'ai appris ceci de TAMAS! Nous écoutons la musique en tant que musiciens, mais nous devons l'écouter aussi en tant que "personnes normales" si nous voulons trouver des "pistes"!, mais bien que personnellement pas souvent, parfois nous allons à des festivals... Mais je pense qu'il est bon que chacun réalise son travail, et que le public puisse comparer en concert.
GREGORY: Réellement, plusieurs des membres d'AFTER CRYING travaillent avec d'autres musiciens. Le guitariste, BALAZS parfois travaille avec un quintette ou un trio, ZOLTAN donne des concerts de piano solo, de Grand piano; les autres travaillent beaucoup. ZSOLT, le batteur a plusieurs groupes, 3 ou 4 groupes interprétants différentes sortes de musique; PETER travaille durant la nuit chez lui; il compose et il écrit des orchestrations pour beaucoup d'autres musiciens, il travaille en tant qu'ingénieur du son; TAMAS traduit tout le temps et écrit les textes pour AFTER CRYING. En ce moment, il est constamment sur son ordinateur, car nous avons eu tellement d'expériences ces derniers mois que je lui ai demandé d'en écrire les histoires... Aussi, lorsque PETER rentre à la maison vers 8 heures, il peut dire à sa femme et à ses 3 filles: "Ok ma chérie, ok les enfants, je viens de travailler jusqu'à 8 heures, et maintenant je vais au concert! bye bye!". Non, ce n'est pas possible.
Highlands: Quelles sont, selon vous et en dehors de vous les formations les plus intéressantes à être apparues ces dernières années, et les plus prometteuses pour l'avenir?
PETER PEJTSIK: Nous venons juste d'émerger, et nous espérons être prometteurs! Mais si nous découvrons d'autres musiciens aussi prometteurs, nous essaierons de les suivre, afin de devenir les plus célèbres possibles!
GREGORY: Si vous voulez des noms, ils ont rencontré seulement quelques groupes durant ces dernières années. Ils aiment vraiment ISILDUR'S BANE, car ils jouent vraiment dans une voie similaire, ils jouent vraiment sur leurs instruments...
Highlands: Pensez-vous posséder encore suffisamment de ressources pour emmener votre musique encore plus haut et plus loin?
PETER PEJTSIK: Vous ne savez jamais…
(Puis se ravisant) Oui! Oui! Oui!
Pour moi, ce serait de nouveau une compilation. Un véritable compilation, et ce serait très agréable de comparer les versions originales aux versions actuelles. Nous ne savons pas… me référant à votre opinion concernant STRUGGLE FOR LIFE, nous ne savions pas que cet album allait atteindre de nouveaux sommets! Je ne sais pas si nous atteindrons de nouveaux sommets, je ne sais pas quand, je ne suis pas capable de répondre à cette question, je pense que ce serait trop long!
GREGORY: je vais vous dire mon sentiment, en temps qu'élément extérieur: presque tous, parmi les 30, ou 28 concerts d'où a été compilé l'album STRUGGLE FOR LIFE, et les albums sont des sortes de sommets, des points élevés de cette dernière période; c'est une très bonne raison pour laquelle, quand je tiens le CD entre mes mains parce que je l'ai entendue, beaucoup de fois en concert, live, et maintenant je peux entendre qu'elle a été réalisée live, et non pas en studio; nous devons compiler, non pas les meilleurs moments, mais, les parties les plus proches; cet album est un sommet, et une conclusion très agréable de cette période intensive d'un an de concerts, et maintenant nous continuons... Je pense qu'au bout d'un an, c'était le bon moment de sortir un album, parce que la musique aujourd'hui y est proche de tout un chacun dans le groupe. Les musiciens sont très bons sur scène, le programme est très fort, les instrumentistes ont tous la capacité de jouer de la meilleure façon possible sur leur instrument, ils sont tous virtuoses sur leur instrument, tout le monde peut le vérifier sur le CD Live ou lors des concerts, et rien de dépend plus maintenant de leurs activités et de leur travail. Je dois réaliser, maintenant, beaucoup plus pour le groupe et le rendre populaire, et pour trouver la bonne, suffisamment importante compagnie pour la distribution des disques en Europe. Ceci est la prochaine étape, pour nous. Aussi, je ne travaille pas bien...
Les musiciens d'AFTER CRYING : rires sonores.
PETER PEJTSIK: Mais nous vous aimons!
GREGORY: Ils travaillent bien. Je dois être meilleur!
Highlands: Quels sont les projets, non encore réalisés qui vous tiennent le plus à cœur?
PETER PEJTSIK: Voici 6 ans, nous avons mis sur pied le projet de ce groupe, sans CSABA. Composer de la musique pour films, jouer ensemble avec un grand orchestre symphonique en concert...
TAMAS GORGENYI: Peut-être travailler avec EMERSON...
Highlands: vous devez essayer de le contacter...
TAMAS GORGENYI: Ce n'est pas trop facile! nous essayons depuis 5 ans maintenant...
GREGORY: AFTER CRYING devient de plus en plus important... Les plus grands musiciens, comme KEITH EMERSON, comme ROBERT FRIPP, comme RICK WAKEMAN tous ces gens, doivent réaliser, car ils ont reçu le CD en promotion, et JOHN WETTON, doivent réaliser qu'AFTER CRYING, aujourd'hui est une très forte communauté de compositeurs; ils composent d'excellentes mélodies, ainsi que d'excellentes chansons; c'est un fait. Aussi, et c'est une autre question, pour certains de ces musiciens, ce serait même bon de collaborer avec la jeune génération. Vous savez ce qu'est un dinosaure: cela doit être important pour eux de jouer avec la jeune génération ; ceci est mon opinion. AFTER CRYING est aujourd'hui dans la meilleure position, et a les meilleures possibilités pour collaborer avec les grands noms.
PETER PEJTSIK: Je sais qu'il y a beaucoup de musiciens qui essaient d'entrer en contact avec ces grands noms; je ne peux pas comprendre pourquoi ils ne répondent pas, et pourquoi ils ne veulent pas voir de nouveaux visages.
GREGORY: tellement de gens essaient de les contacter et de "grimper sur leur dos", vous comprenez ce que je veux dire...
PETER PEJTSIK: Je ne comprends pas pourquoi ils ne répondent pas, ni ne sait s'ils écoutent les CD.
GREGORY: Nous ne les forçons pas. Ce sont vraiment des héros, vous savez, et j'aime leur musique. C'est seulement la vérité.
Highlands: Comment composez-vous? Est-ce un processus de création collectif en studio, ou bien chaque musicien écrit-il sa propre partition?
AFTER CRYING: Nous ne savons pas (rires!).
PETER PEJTSIK: il y a longtemps, il a des compositions qui étaient réalisées ensemble; sur le second CD, les compositions ont été totalement réalisées ensemble, avec des participants extérieurs. Puis il y a eu plus ou moins de titres avec des leaders; maintenant, il s'agit d'un musicien qui compose de son côté, j'essaie de contribuer, nous essayons de mettre les idées ensemble, j'essaie d'apporter des idées au melting pot, mais encore ceux qui composent demeurent les principaux contributeurs pour toutes les compositions qu'ils apportent; le guitariste, BALAZS ou moi-même apportons les idées, parfois elles sont apportées par deux d'entre nous, parfois TAMAS y ajoute des idées musicales, ensuite nous essayons des les arranger et des les orchestrer pour le groupe de la meilleure façon possible, mais maintenant nous ne composons plus ensemble comme auparavant.
Highlands: Quels sont les compositeurs classiques qui vous ont le plus marqué? Car l'emprise de l'héritage classique sur votre musique apparaît déterminant...
PETER PEJTSIK: Les bons compositeurs classiques nous ont toujours influencé, mais parfois aussi les mauvais! avec certains bons.
TAMAS GORGENYI: MOZART, BACH, BEETHOVEN, WAGNER, BARTOK, SCHOENBERG mais pas TCHAIKOVSKY!
PETER PEJTSIK: Personnellement, j'aime beaucoup la musique de MENDELSOHN, aussi j'ai vraiment le projet de réarranger "Songe d'une Nuit d'Eté" et un ou deux airs; quand j'entends la musique de MENDELSOHN, je me sens toujours bien, aussi MENDELSOHN pour moi est l'un des compositeurs de base. Mais il est l'un de mes favoris, et pas nécessairement l'un des favoris des autres, et bien entendu, KEITH EMERSON est un musicien classique important pour nous...
Highlands: Que pensez-vous de la scène musicale française contemporaine?
PETER PEJTSIK: La scène française contemporaine, autant que je la connaisse est un peu... De qui voulez vous parler?
Highlands: de la scène progressive!
PETER PEJTSIK: Désolé, je pensais qu'il s'agissait de classique.
GREGORY: Ils connaissent MINIMUM VITAL, et XII ALFONSO, ECLAT, HALLOWEEN.
Highlands: Que pensez-vous de HALLOWEEN? Pour moi, ce sont les meilleurs musiciens français!
PETER PEJTSIK: oui, ce sont vraiment des musiciens très talentueux. Mais laissez-moi être honnête, et pas seulement au sujet de HALLOWEEN : Nous avons toujours essayé d'approcher la musique en ayant une vue générale, et d'un point de vue général. Et d'un point de vue général, HALLOWEEN, se situe seulement d'un côté des choses, musicalement, sur le côté sombre, le versant de la mort. J'ai toujours trouvé le claviériste trop sérieux sur scène, pour mon goût personnel, il ne pouvait pas faire passer ses plaisanteries et son humour à travers sa musique, parce qu'il apparaît trop sérieux. C'est ma critique, vraiment.
GREGORY: c'était un petit peu décevant pour le groupe qu'ils parlent seulement de cela... C'est ce que suggère l'opinion de PETER.
PETER PEJTSIK: maintenant, voici le vraie réponse! La musique progressive, la musique progressive française pour nous est une partie de l'ensemble, et maintenant, voici une opinion au sujet de la plupart des groupes: ils perdent souvent le contrôle des moyens qu'ils utilisent, et souvent ces groupes sont orientés dans une seule voie, et se concentrent sur une chose particulière au lieu de garder une vue d'ensemble à l'esprit, et composer en fonction de cela.
GREGORY: cela veut dire qu'il y a des parties instrumentales fantastiques, mais seulement des parties, et des sons. Les parties ne vont pas ensemble, et ne vont pas l'une vers l'autre, ce n'est pas comme un échange, ni comme une spirale. C'est toujours le problème quand (désignant les musiciens d'AFTER CRYING) quand je leur dis que j'aime une musique, ils me répondent: quelle est la raison, et quelle est la direction?
PETER PEJTSIK: Qui est la cause de quoi dans la musique? Et que se passe-t-il? Pourquoi est-ce que cela arrive? Pour nous, tout cela est vraiment important. La musique est un véritable "drame" (NDLR du grec Drama, action théâtrale), dans le sens d'une histoire vraie et authentique. Bien sûr, en pop music également, mais la différence est que la pop music ne prétend pas raconter une histoire vraie, elle dit, oui je suis en train de mentir ! Je vous raconte une histoire stupide, ce n'est pas une histoire vraie. Quand une musique artistique essaie de vous dire : je vous raconte une histoire vraie, et que celle-ci n'est pas vraie, je me sens toujours un peu...
GREGORY: confus...
PETER PEJTSIK: non pas confus, les gens se sentent confus, je me sens plutôt furieux. Il me manque le drame, l'action théâtrale ou le sens de l'histoire dans la musique, c'est ce qui manque. La signification. Et quand vous avez le concept, bien sûr, vous savez à quoi tout cela doit ou devrait ressembler. Parfois, tous ces éléments sont mis ensemble dans un melting-pot, dans une composition de rock progressive, et quelle sera la manière de les ordonner, de les ranger dans le bon ordre?
GREGORY: beaucoup de groupe disent: c'est un album concept! Et ce n'en est pas un. Le meilleur exemple en est, était FRANK ZAPPA. Il jouait des morceaux courts, sur ses albums. Mais c'étaient de réels concept albums. Vous ne devez pas jouer un morceau de 19 minutes pour qu'un album soit un concept album. Vous devez exprimer quelque chose.
PETER PEJTSIK: Mais pour être honnête, ce n'est pas seulement le problème avec le rock progressif, c'est un problème qui affecte la musique en général. Parfois aussi la musique classique, la mauvaise musique classique. Et ce n'est pas seulement vrai en musique, mais pour l'Art en général! Et je dirais même plus: C'est le style de vie même des gens, parfois avec lequel nous avons des problèmes, et nous pensons, et souvent nous avons beaucoup de critiques négatives sur tout ce qui nous environne, et qui se passe autour de nous. Il ne s'agit pas de la scène musicale française en particulier, ni de la scène progressive en général...
GREGORY: Vous savez, j'ai un autre bon exemple avec la musique alternative. Il n'y a rien à comparer avec la musique alternative. La comparer avec quoi? Rien. Mon problème avec la musique alternative, est que je ressens que l'alternatif est juste là pour être alternatif. Il n'y a pas de raison. L'alternatif signifie quelque chose de différent, mais quelle est sa signification? Soyons alternatif! Soyons progressif! jouons des morceaux de 15 minutes, mais nous n'avons rien à faire avec les morceaux de 15 minutes si la composition n'est pas forte...
PETER PEJTSIK: C'est ce qui arrive la plupart du temps, en Europe, et aux Etats-Unis: "Hey, man, jouons quelque chose de différent!". Et ils jouent exactement la même chose que les autres. Ils pensent jouer quelque chose de différent. Tout le monde commence comme cela. Vraiment nous espérons jouer quelque chose de similaire aux bons groupes!
Highlands: Pensez-vous qu'il soit possible pour une formation hongroise progressive (désolé pour le terme "progressif") telle que vous d'accéder à une notoriété comparable à celle de SPOCK'S BEARD aux
Etats-Unis, ou FLOWER KINGS en Suède?
GREGORY: Oui! C'est une question de bonne promotion, il s'agit de trouver la bonne personne, au bon endroit, au bon moment, et je suis vraiment impliqué dans cela, et intéressé par les meilleures personnes possibles qui ne veulent pas seulement faire de l'argent avec cela, … Je suis vraiment sûr qu'AFTER CRYING est vraiment l'un des meilleurs groupes de rock progressif dans le monde aujourd'hui… J'ai essayé de contacter INSIDE OUT, mais ils m'ont répondu qu'ils évoluaient en direction d'un rock plus heavy… et que nos réalisations ne coïncidaient pas vraiment bien avec leur programme. Je pense que nous avons à voir davantage avec les labels de symphonique/classique/progressif (j'utilise le terme progressif en dernier) et je contacte la plupart de ces labels. Ce qui est très amusant, c'est qu'en Hongrie, il y a très peu de heavy progressive bands, il y en a un nommé NEMESIS, j'ai écouté les démos d'autres groupes, ils n'étaient pas très forts. Encore EAST, SOLARIS, AFTER CRYING, et également KADA ont un son relativement unique, et reconnaissable.
PETER PEJTSIK: nous ne savons pas si cela est possible. Nous aimerions voir que cela est possible. Il faut qu'il y ait une sorte d'industrie derrière tout cela. Je pense que sans cela nous ne pouvons pas devenir une grande légende.
GREGORY: Bien entendu, je ne suis pas d'accord.
PETER PEJTSIK: Cela veut dire que j'attends, GREGORY.
GREGORY: Je ne suis pas d'accord. Vous avez tous le génie, le talent, la capacité...
PETER PEJTSIK: Oh, désolé, vous ne m'avez pas compris. Ce soir, nous avons parlé, avec les autres musiciens, après le concert. Et nous sentons que nous sommes prêts. Nous sommes assis ici. Et nous attendons.
GREGORY: c'est maintenant une question d'opportunité, et de travail.
Highlands: N'importe qui pouvant objectivement écouter votre musique peut entendre qu'elle est actuellement aussi grande que celle de EMERSON, LAKE & PALMER Avez-vous l'ambition de succéder à, maintenant que cette entité n'existe plus, et espérez-vous être reconnus en tant que tels?
GREGORY: C'est très aimable.
TAMAS GORGENYI: Le fait que les gens qui ont fondé ce groupe, qui demeure dans le même esprit qu'il a été fondé par le guitariste, GABOR EGERVARI et moi-même voici plus de 20 ans… EMERSON LAKE & PALMER peut être comparé à de la musique classique contemporaine, pour nous et nous ne sommes pas intéressé pour accéder à la première place. Nous sommes intéressés par une musique qui puisse être comparée à BACH ou à MOZART. Nous nous voulons pas être les successeurs d'ELP, de KING CRIMSON ou de n'importe quel autre groupe. Nous ne voulons pas obtenir les gains de leur succès, si vous voulez signifier quelque chose dans ce genre. Nous voulons simplement être nous mêmes, et nous les suivons simplement pour ce qu'ils représentent. Nous voulons les suivre dans cette voie, et non pour leur succès ou l'argent qu'ils ont pu engranger.
PETER PEJTSIK: nous n'avons jamais voulu être des successeurs. Nous essayons de réaliser de la musique avec le même point de vue, et la même approche.
GREGORY: ils ne veulent pas être aussi célèbres qu'ils étaient, ils veulent surtout être un bon groupe, comme EMERSON, LAKE & PALMER.
PETER PEJTSIK: J'ai toujours pensé que l'élément essentiel quand vous jouez de la bonne musique est que vous soyez célèbre, et que plus vous êtes célèbres, plus de gens écoutent votre musique, et vous pouvez l'offrir au plus grand nombre de gens.
GREGORY: savez-vous quel est mon objectif, avec AFTER CRYING? Donner leur musique à tout le monde. Lors de la publication de DE PROFUNDIS, j'ai offert aux écoles hongroises, aux Instituts, des concerts gratuits pour tous ceux qui nous contacteraient. Ils devaient me contacter d'abord. Mais c'est une voie difficile, vous savez. Vous pouvez tout aussi bien dépenser 10 millions de dollars...
Didier Gonzalez
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