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, 2004 12: AM
Quand on pense qu’à la base, Holy Lamb évoluait au sein de la scène thrash, on ne peut que saluer leur remise en question ! Formé en 1991, ce groupe lituanien oeuvre à présent dans un rock progressif inspiré par les années soixante-dix, celles d’ELP, Camel et King Crimson. Après leur premier album, Salt of the Earth paru en 1999, le groupe, dont le nom provient d’une chanson de Yes, revient avec ce Beneath the Skin sorti en 2000 et récemment distribué en Europe.
Entre ambiances dissonantes et passages mélodiques, Holy Lamb procède d’un rock progressif moderne mais inspiré par les ténors des seventies, aux compositions alambiquées et aux ambiances personnelles.
Il s’agit ici d’un album concept qui présente les déboires d’un dieu de la musique combattant l’ogre corporatiste avec, comme fil rouge, la gloire, la décadence et la renaissance du rock progressif.
Quelques chanteurs locaux et une flutiste précédemment membre du groupe sont invités sur le disque et donnent une couleur très variée à l’ensemble, les lignes de chant s’étalant du plutôt traditionnel au, disons-le, grandguignolesque. Les compositions jouissent de constructions originales et osées et passent du symphonique (l’introduction de « The conquest ») au planant avec notamment le très ‘camélisant’ « Stars fell on fertile lands ».
D’autres passages sont nettement plus barrés, voire dissonants comme le début de « Wear it in the morning » qui n’est pas sans rappeler les passages les plus fous des Flower Kings, incluant un court extrait de guitare espagnole du meilleur effet.
Ces Lituaniens maîtrisent donc leur sujet et interprètent des traits mélodiques tirés du blues, du jazz ou du progressif classique, mélangeant le tout avec un certain bonheur, il faut le reconnaître. Le bassiste Ugis « Kuba » Zemitis crée véritablement des morceaux dans les morceaux tant ses parties se démarquent de celles de Cervinskis, le guitariste. La production a parfaitement intégré ce trait, et la basse bénéficie d’un mixage avantageux par rapport à l’ensemble.
Le talon d’Achille de ce Beneath the Skin restera peut-être le manque de mélodies. Certes, elles sont présentes tout au long du disque, mais on en souhaiterait quand même plus afin de contrebalancer les portions les plus expérimentales. Cela mis à part, on ne peut donc que regretter que cet album ne soit rendu réellement disponible qu'aujourd'hui, tant la musique de Holy Lamb déborde de fraîcheur et d’inventivité.
Julien Van Espen
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