Progressia.Net
2004 . :
« Le seul groupe de rock symphonique valable aujourd’hui ! », « les nouveaux ELP », « les génies hongrois ». Moult qualificatifs sont convoqués pour évoquer After Crying, groupe à géométrie variable qui, depuis près de vingt ans et en une poignée d’albums et de tournées, a su se créer une place dans le cœur des amateurs de progressif symphonique.
À la croisée de King Crimson, de ELP et de la musique classique, le groupe n’a pas pourtant recueilli tous les suffrages, certains n’adhérant pas à leurs compositions patchwork ou au chant en hongrois. Le groupe revient aujourd’hui avec une nouvelle formation, dont un nouveau chanteur, des textes en langue anglaise et un nouveau concept album, Show, inventé par Gorgenyi Tamas, qui est à After Crying le parolier que fut Peter Sinfield à King Crimson.
L’album est entrecoupé de passages narrés, qui dépeignent la civilisation moderne dans un parallèle avec l’histoire de Babylone. La première écoute le montre nettement : on est en présence d’un disque extrêmement bigarré, plus encore que les précédentes sorties du groupe et qui risque de déstabiliser bien des auditeurs : titres courts et efficaces façon progressif moderne (« Nwc »), interludes atmosphériques (« Globevillage at night »), influences eighties (« Face to Face ») ou purement symphoniques, After Crying n’a pas aucune retenue dans sa manière d’afficher ses multiples influences.
Plus encore, il n’hésite pas à inclure des passages entiers de ses références dans sa propre musique: « Easy Money » (très bien réapproprié, sur « Secret Service ») ou « 21st Century Schizoid Man » pour King Crimson, la neuvième symphonie (dite du Nouveau Monde) pour Dvorak, ou encore le Bolero de Ravel. Si l’idée de base est intéressante, notamment en concert, le fait d’insérer, parfois gratuitement, des mélodies aussi connues peut paraître assez surprenant lorsqu’il s’agit de ses propres compositions. Il serait cependant injuste de mettre ainsi After Crying au piquet pour copiage de ses illustres voisins : le groupe propose également une musique travaillée et magnifiquement arrangée, servie par une production exemplaire, et les moments de bravoure ne manquent pas, renforçant l’idée que le groupe n’a vraiment pas besoin de se servir d’un patrimoine qu’il a déjà bien assimilé.
Show est donc un travail d’orfèvre, plombé par une fausse bonne idée et quelques longueurs, qui l’empêchent à notre sens de s’élever de lui-même au rang de référence. La prochaine fois?
Julien Monsenego
|