Prog-résiste
2001 . :
Vous avez sûrement tous, vous comme moi d'ailleurs, un album qui tourne en boucle dans votre chaîne stéréo et qu'il vous est très difficile (voire
impossible) d'éjecter. Pour ce trimestre, j'ai trouvé le mien! Mais comme j'ai d'autres disques à chroniquer et que je dois quand même les écouter
plusieurs fois (quelle conscience professionnelle, hein!), ça va être extrêmement dur de le sortir de mon lecteur. Quoique si je réfléchis un peu plus loin que le bout de mon nez, je n'ai qu'à faire exactement le contraire: d'abord chroniquer le reste et puis me remettre dans la platine ce disque fabuleux que je me repasserai sans cesse jusqu'au prochain numéro. Pas con, le mec! A plus tard, donc!... Coucou, me revoilou! Ah, quel bonheur que ce disque ci! Si on en parlait un peu! East, vous connaissez? Oui! Tant mieux! Moi aussi, merci! Je fais néanmoins un petit rappel: c'est un groupe hongrois qui a sorti, dans le début des années 80, une demi douzaine de CD dont les deux excellents Huseg et Jatekok. East produisait un progressif très symphonique qui n'était pas sans nous rappeler Solaris, Eloy ou Camel. Et devinez un peu qui était le guitariste de East: bingo! Janos Varga! Ca va, je vois que vous suivez! L'oeuvre de notre ami est un concept album tout entier dédié à la guitare: tantôt «gilmourienne», tantôt rock mais aussi symphonique, «camélienne», aérienne, lyrique, virevoltante, émouvante. C'est bien simple; ce garçon
sait tout faire (avec sa guitare!). Il en sort le son qu'il veut et celui-ci est toujours jouissif en diable. Avec Janos, nous touchons au sublime. Vous
pensez que j'exagère et que je suis par trop dithyrambique; écoutez-le (pour voir!) et vous tomberez amoureux de ces mélodies superbes et maîtrisée à la perfection. Le disque débute de géniale façon; passez les 5 premières minutes en
blind-test à un de vos potes (qui s'y connait quand même en prog, autrement je ne vois pas ce qu'il pourrait vous répondre!) et s'il ne vous dit pas
«C'est Gilmour et Pink Floyd, bien sûr!» c'est que finalement il n'y connait rien du tout. Après ce début à tomber raide (écouter Janos Varga et puis
mourir!), la guitare attrape quelques fourmis dans ses cordes et nous délivre un bon rock de derrière les fagots de 3 minutes. Elle s'apaise à nouveau et varie d'atmosphère et d'ambiance au fil des minutes. Quand le premier morceau I Must be Going se termine après 20minutes de pur nirvana, on n'a qu'une envie: se le repasser! Mais oh, pas si vite, il y a encore 5
autres perles, plus courtes mais tout aussi craquantes et légères à se coltiner. Témoin, ce All I Can Give où son immense talent de compositeur et
d'interprète se fait encore plus éclatant. La super classe! Janos est secondé à la batterie par son ancien complice de East, Istvan Kiraly et aux claviers (quand ce n'est pas lui qui les tient) par le virtuose Zoltan Lengyel (After Crying). La pochette est nulle; en la découvrant j'ai pensé m'être trompé de fanzine et que je devais écrire un papier sur ZZ Top. S'il faut absolument trouver un défaut à ce disque, c'est celui-là. Sur le livret, notre artiste dit que «cette musique est un pas dans un monde, où fantaisies volent haut et rien ne peut arrêter les ailes de la révélation, où le passé rencontre le présent.» S'il le dit, c'est que ça
doit être vrai. On espère bien vite, en tout cas, une suite à cet album (vu le titre!). De toute manière, je ne manquerai pas de vous tenir au courant, faites moi confiance.
Jean-Luc Piérard
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