Prog-résiste
2004 . :
Ceux qui nous suivent un peu se souviendront de cette première démo chroni-quée dans le numéro 18 et de cet album ( Salt the earth -1999) paru chez Mellow recordset qui vous fut présen-té dans le numéro 21. Depuis, 4 ans se sont déroulés et bien des choses ont changé. D’habitude, avec ce genre de groupe, qui officiait dans un genre musical à tendance plu-tôt mélodique (appelons cela du néo, si vous voulez), le temps va trop vite et ils n’arri-vent pas à se renouveler assez pour attirer l’attention du chro-niqueur blasé qui a écouté des dizaines, voire des centaines d’autres disques depuis... Mais ces Lituaniens sont mani-festement d’une autre trempe. En effet, s’il reste quelques traces de leurs tendances musicales passées (dans le
premier morceau, plus particu-lièrement), très vite, au fur et à mesure que se déroule ce concept album (sous-titré «A transgressive Rock Tale») l’au-diteur est emmené dans divers territoires, aussi bien clas-siques, que jazz, rock, punk, hard, folk ou même flamenco, avec une grande variété instru-mentale. La preuve? Ils ont signé chez Periferic records, le label Hongrois (qui produit After Crying, entre autres) et plutôt spécialisé dans les musiques hors norme. Ici, nous retrouvons la véritable définition du rock progressif, qui est censé nous présenter une grande variété de styles, des changements de rythme et d’ambiance, du complexe et de l’émotionnel, en bref: de nous surprendre. Même si ce disque ne surprendra pas les grands muftis du RIO qui ne jurent que par l’atonalité abso-lue, HOLY LAMB parvient à surprendre quand même les plus blasés, par ces alter-nances climatiques qui me rappellent un groupe aujour-d’hui disparu et qui aurait mérité un meilleur sort: Rachel’s Birthday. Comme cette dernière référence ne vous dira sans doute rien, je parlerai des avancées com-plexes d’un Isildur’s Bane, par exemple, avec des instants très mélodiques juxtaposés à des effets extrêmement complexes mêlés cependant à une touche humoristique en plus (certains passages évoquent 10cc, les Cardiacs ou même Madness!). Un album concept, disais-je, et cela se sent, même sans enta-mer la lecture du livret: une trame musicale se tisse. Comme tout tissage, tramage ou autre oeuvre d’art, cela se complexifie au fil des écoutes successives, mais aussi au fil de l’avancement de l’album. De breaks en breaks, d’inter-ventions vocales théâtrales en conversations sautillantes (l’al-bum est peu chanté, mais de manière très expressive) on a l’impression d’assister à un psychodrame progressif. Du grand art, véritablement, du progressif inattendu, com-plexe, émotionnel et varié, qui demandera quelques écoutes, mais sans pour autant verser dans l’incompréhensible amas de notes. Tout bonnement excellent.
DrLettonImpérial
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